Passerelle «Rayon Vert» et places de la gare
,
Suisse
Publié le 31 mars 2022
farra zoumboulakis & associés architectes urbanistes SA
Participation au Swiss Arc Award 2022
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Entre urbanisme et architecture, entre infrastructure et espace public, bien plus qu’une simple passerelle ou liaison fonctionnelle d’accès aux transports publics, le «Rayon Vert» à la gare de Renens symbolise un lien fort, efficace et visible entre le nord et le sud d’un territoire coupé en deux.
Situation initiale
Un lien politique.
Largement obsolètes et sous-dimensionnés, la gare de Renens et ses abords ont fait l’objet d’un concours lancé en 2007 par les communes de Renens, Chavannes-près-Renens, Ecublens et Crissier, les CFF, les transports publics lausannois (tl) et l’État de Vaud. L’organisation du concours a été confiée au Bureau du Schéma directeur de l’Ouest lausannois (SDOL). Le programme portait sur la requalification et le réaménagement des places attenantes à la gare, au nord et au sud, la restructuration de l’interface des transports publics et l’amélioration de la liaison nord-sud.
Ébauche du projet
Un lien physique.
Le projet Rayon Vert, lauréat du concours, racontait une nouvelle histoire territoriale et s’est clairement démarqué en proposant un franchissement passant au-dessus des voies de chemin de fer. Avec la volonté d’établir une liaison forte, efficace et visible entre le nord et le sud de la gare de Renens, les auteurs du projet Rayon Vert (concours gagné par Farra & Fazan, Tekhne SA et L'Atelier du Paysage Jean-Yves Le Baron Sàrl) ont proposé une passerelle végétalisée qui crée un signal fort dans le territoire, servant à la fois de lien d’un côté à l’autre de la gare et à la fois d’interface des transports. De manière simple et efficace, elle offre l’accès à l’ensemble des quais ferroviaires, au métro m1, au futur tram t1 et aux bus. Le passage surélevé (plutôt que souterrain) constitue l’acte fondateur du projet. En plus de cette vision efficace, le jury a encore salué « la qualité d’un parcours en surface, facilitant l’orientation et la vision des correspondances et offrant des points de vue attractifs sur le site et le paysage », ainsi que « l’impact signalétique de cette nouvelle liaison urbaine ». C’est tout le secteur de la gare de Renens qui allait afficher une nouvelle identité et engranger une métamorphose totale.
Un lien historique.
Le Rayon Vert possède un ancrage dans l’histoire du lieu puisqu’une passerelle existait déjà à proximité de la gare, il y a une centaine d’année. On la perçoit sur certaines cartes postales historiques.
Étude du projet
Un lien végétal.
Le projet Rayon Vert consacre le retour de la nature dans le cœur de la ville, matérialisé par la présence sur les deux places d’un grand nombre d’arbres d’essences diversifiées et sur la passerelle, du lierre qui colonise largement sa façade orientale. Ce filtre végétal dialoguant avec la structure arboriforme contribue à créer un repère incontournable dans la ville.
Dès le départ, le groupement Rayon Vert a manifesté la volonté de matérialiser le lien grâce à la création de la passerelle, mais également par un traitement unitaire des places nord et sud et par une végétalisation continue. La matérialisation des places nord et sud avec leurs aménagements en bandes perpendiculaires aux chemins de fer et continues de part et d’autre, renforce la perception du lien.
Un lien structurel.
Afin d’exprimer pleinement toute la sensibilité de l’image directrice, la géométrie du système porteur, outre son efficacité structurelle, entre en résonance avec le thème de la végétalisation de la passerelle et des places. La solution d’ingénierie recherchée tendait vers une structure utilisant le moins de matière possible, au travers de laquelle toutes les lois de la physique et de la mécanique sont exploitées au mieux pour qu’elles remplissent leurs fonctions. Ainsi, la structure métallique arboriforme illustre l’idée d’une représentation de la nature dans la ville, tout comme les feuilles de tilleuls survolant les places et offrant les abris aux usagers.
Réalisation
Un lien dans la durée.
L’histoire du Rayon Vert constitue une véritable épopée qui s’étend sur une durée de 14 ans, entre 2007 et 2021, avec un nombre impressionnant d’acteurs et d’intervenants, une coordination millimétrée, des chiffres hors normes et des interventions spectaculaires sur chantier. Réaliser un ouvrage au cœur d’une gare ferroviaire parmi les plus fréquentées de Suisse Romande est à lui seul un défi en soi. La gare de Renens et ses alentours étant en complète métamorphose avec différents projets, travaux et mutations simultanés, la complexité de planification était poussée à son paroxysme. Dans le cadre de ce chantier hors du commun, un important travail de coordination s’est mené entre les multiples intervenants du projet de construction d’une part, mais aussi entre l’ensemble des acteurs de l’aménagement de tout le secteur, notamment pour s’accorder avec la planification du réaménagement parallèle de la gare, des différents projets connexes menés par CFF immobilier et de l’arrivée du tram. Certains ont eu un impact sur l’organisation du chantier, d’autres ont nécessité des adaptations importantes sur le projet Rayon Vert lui-même. La construction de l’ouvrage a également été en permanence accordée aux contraintes sécuritaires et d’exploitation des CFF extrêmement élevées. Tout le défi a consisté à conserver l’indispensable cohérence de l’ensemble, entre poésie, construction et contraintes techniques.
Particularités
Un lien social.
Du point de vue architectural et urbanistique, le projet Rayon Vert crée du lien autant spatial que social. Les solutions d’ingénierie et d’aménagements paysagers viennent encore renforcer la continuité de l’espace public, qui est traité en zone de rencontre garantissant la mixité des usages. L’objectif est de créer un espace public unitaire depuis la place nord jusqu’à la place sud : un lieu de passage, mais aussi un lieu d’arrêt, d’interactions et de contemplation. Cette continuité devient effective grâce à la liaison spatiale et fonctionnelle assurée par la passerelle et grâce au traitement unifié des aménagements : revêtements de sol, marquages, végétation, équipements et mobilier urbain.
D’une longueur totale de 150 mètres de long dont environ 70 en franchissement des voies ferrées, cette passerelle matérialise un espace public vivant, aux dimensions généreuses allant de 11 à 16 mètres de largeur, qui accompagne le visiteur d’une place à une autre en s’élevant par-dessus les voies. Des commerces et des activités y prennent place, mais aussi des abris, des bancs, des jeux d’eau, des emplacements pour vélos et de l’éclairage public ; ce qui fait de ce lieu un espace vivant de jour comme de nuit.