Centre d’hébergement collectif de Rigot
,
Suisse
Publié le 21 décembre 2020
Acau Architecture SA
Participation au Swiss Arc Award 2022
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Situé en bordure du parc Rigot à Genève, le nouveau centre d’hébergement de Rigot offre un lieu communautaire et accueillant aux migrants. En 2015, la Suisse a dû faire face à une demande d’accueil de réfugiés particulièrement élevée. Pour y répondre, le conseil d’Etat de Genève a mis sur pied une «task force» pour démarrer plusieurs projets dont le centre d’hébergement capable d’accueillir 370 résidents. Celui-ci a dû être pensé de manière à ce qu’il puisse être déplacé dans un délai de dix ans car il s’inscrit dans une mesure d’urgence. Le principal défi des architectes a donc été de concevoir un objet provisoire et modulable dans un lieu caractéristique de Genève. Le projet planifié par Acau Architecture est composé de deux bâtiments symétriques de cinq niveaux et constitués d’éléments modulaires préfabriqués en bois.
Localisation
Le projet a démarré par des études de site. L’hospice général a ciblé plusieurs emplacements qui offraient un fort potentiel de réussite au niveau des procédures de demandes d’autorisation de construire. Un des lieux choisi a été le Parc Rigot qui est localisé dans le périmètre des nations unies. Le palais des Nations se trouve effectivement à quelques centaines de mètres du projet alors que le monument en hommage à Nelson Mandela a dû être déplacé pour laisser place au nouveau centre d’hébergement. Il se trouve désormais dans la perspective cadrée par les deux bâtiments. Ces éléments sont des grands symboles et il les architectes ont tenté d’impacter au minimum cet environnement en apportant une intervention douce dans le parc.
Les bâtiments s’implantent parallèlement au collège Sismondi et de manière perpendiculaire à l’avenue de France. Une cour ouverte est générée par les deux barres placées en vis-à-vis, ce qui crée un lieu d’échange et renforce ainsi la vie communautaire. Cet aspect est accentué par les jardins situés en bordure de voie publique qui créent une interaction entre les résidents et le voisinage.
Une construction écologique et temporaire
Les architectes ont choisi un système permettant d’optimiser la construction, le démontage ainsi que le déplacement des bâtiments. Il s’agit d’une construction «zéro-béton» à l’exception des plateaux préfabriqués des coursives.
La plupart des constructions modulaires et provisoires sont posées sur un radier en béton. Or ici, les deux bâtiments sont posés sur des semelles filantes en épicéa et des pieux en mélèze liés par une grille de répartition en bois. De ce fait, l’impact sur le terrain est fortement réduit et les fondations pourront être retirées et déplacées. La construction en bois permet non seulement d’éviter certaines charges de recyclage du béton lors du déplacement du projet, mais aussi toute contamination du réseau des eaux de surface durant le chantier. D’un point de vue régional, le projet valorise la ressource forestière locale, le transport des matériaux exige donc peu d’énergie grise.
L’optimisation de la construction offerte par la préfabrication réduit également le volume de matières premières utilisées et a été déterminant sur la programmation du chantier car ceci a permis de réaliser ce projet dans un délai court. La construction a été séparée en trois phases: les fondations, la préfabrication des modules et enfin l’assemblage et les finitions.
Social et modulaire
Le choix du bois a également un rôle social à jouer. Celui-ci véhicule une image positive à laquelle les résidents devraient pouvoir s’identifier. La chaleur du bois peut ainsi réchauffer le cœur des migrants qui ont souvent eu un parcours de vie mouvementé avant d’arriver au centre d’hébergement.
Le projet anticipe les spécificités d’une population qui ne présente pas systématiquement le profil type de la famille composée d’un couple hétéro-parental et de quelques enfants. Pour faire face à la diversité de la demande, le projet propose des typologies de logements évolutives. Le système modulaire permet de faire varier le nombre de pièces par appartements par un jeu de portes coupe-feu et de conversion des cuisines en chambres. Quant au programme, il tente de favoriser le confort des migrants. Chaque unité d’habitation dispose donc de son propre espace de cuisine et de son propre bloc sanitaire.
La modularité joue également un rôle important dans l’aspect temporaire du projet car les prochains sites de reconstructions n’offriront certainement pas les mêmes caractéristiques que le parc Rigot. A l’aide de plusieurs compositions différentes des modules, d’autres volumétries de bâtiment seront possibles et ainsi d’autres affectations.
Outre les espaces d’habitations, les bâtiments abritent également des espaces communautaires propices aux activités d’insertion comme une salle de conférence d’une capacité de 100 personnes, un atelier, un espace enfants, une surface commerciale ou encore une petite salle de sports.
Texte: Valentin Oppliger
Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 1
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